Table ronde sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique

Le 13 juillet, une table ronde sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique dans le contexte de la guerre en Ukraine a été organisée au sein de la commission des affaires économiques du Sénat, avec Marc Benayoun, directeur exécutif du groupe EDF, Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie et Patrick Pouyanné, président-directeur général de TotalEnergies.

Alors que la crise sanitaire avait déjà particulièrement perturbé le marché européen de l’énergie, avec des premiers craintes de coupure causées par les retards de maintenance des centrales nucléaires, la guerre en Ukraine et ses terribles conséquences ont aggravé le tableau.

Comme nous pouvions le craindre depuis de nombreuses années, la Russie de Vladimir Poutine utilise ses ressources en gaz et en pétrole comme des outils et des arguments géopolitiques.

En effet, la Russie est le premier fournisseur de gaz naturel des Etats membres de l’Union européenne (avec 40 % des importations, ce qui représente 19 % de la consommation totale de gaz de l’Union européenne) et le deuxième fournisseur de pétrole (avec 20 % des importations et 16 % de la consommation totale).

La dépendance énergétique à l’égard de la Russie varie cependant fortement entre les pays. Si de nombreux pays d’Europe centrale ou orientale dépendent entièrement de la Russie pour leur approvisionnement en gaz, comme la Slovaquie ou les Pays Baltes, la part du gaz russe est de 80 % en Pologne, 65 % en Autriche, 37 % en Allemagne et en Italie et 24 % en France.

Ainsi, lors de cette table ronde, j’ai interrogé les dirigeants des groupes énergéticiens sur l’évolution de leur regard sur le marché européen de l’énergie, avec le recul de ces années de crise sanitaire et de ces mois de guerre aux portes de l’Europe.

Je suis également revenu sur la notion de « sobriété énergétique », qui doit être au cœur de l’ensemble des politiques publiques sur l’énergie et ne doit pas être limitée aux campagnes de communication et aux tribunes. Pour sortir de cette dépendance vis-à-vis d’acteurs étrangers, il est indispensable de mieux et de moins consommer d’énergie.

Dans une réponse détaillée, la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, a affirmé la nécessité d’un marché européen de l’énergie avec des interconnexions fortes entre les pays, mais a reconnu les difficultés actuelles et les incohérences de cette organisation. Elle a également détaillé les axes sur lesquels les énergéticiens peuvent jouer pour participer et inciter à la sobriété énergétique.

L’intégralité de mon intervention :

Je souhaitais revenir rapidement sur la tribune que vous avez récemment réalisée sur cette thématique (signée par Jean-Bernard Lévy pour EDF), qui a logiquement suscité de nombreuses réactions.

Vous déclarez dans cette tribune « la meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas ». Si nous pouvons pleinement nous rejoindre sur l’indispensable objectif de sobriété énergétique, je tenais à vous faire part, comme cela a

déjà été exprimé par plusieurs de mes collègues, de ma surprise quant à ces déclarations.

Même si vos intentions sont certainement louables, il est un peu facile de demander ses efforts aux Français sous l’angle de la « cohésion sociale », alors que vous avez-vous-même participer à cette ultra-libéralisation du marché de l’énergie (à des échelles différentes bien sûr) et à cette spéculation continue dont nous payons en partie les conséquences aujourd’hui.

Ainsi, de manière assez directe, je souhaiterais savoir si l’expérience des derniers mois, à la croisée entre la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, a fait évoluer votre regard sur l’organisation du marché européen de l’énergie ?

Vous parlez d’une action à l’échelle de l’Europe et d’une solidarité européenne, comment ces principes peuvent-ils s’inscrire dans le marché actuel ? Est-ce le rôle des investissements publics de compenser les lacunes de ce marché (pour que cela profite souvent au bout de la chaine à des acteurs privés), ou n’est-il pas nécessaire de revoir en profondeur son organisation ?

Enfin, je souhaitais rapidement revenir sur la sobriété énergétique, dont vous parlez de cette manière : une « nécessaire sobriété d’exception ».

Sans être despotique, ni dogmatique, je considère qu’il s’agit d’une condition indispensable pour permettre notre transition énergétique. Selon vous, quel rôle peuvent jouer les énergéticiens dans cette voie vers la sobriété ?

Réponses obtenues :

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