Pourquoi j’ai voté contre le projet de loi de finances pour 2020
Le projet de loi de finances (PLF) pour 2020 n’est pas à la hauteur des enjeux économiques et sociaux et de l’urgence climatique. Avec mes collègues du groupe socialiste au Sénat, nous avons fait des propositions ambitieuses pour répondre à ces grands enjeux, présentées dans un contre-budget rendu public. Nous avons ainsi proposé d’instaurer un ISF rénové ou encore un impôt sur le revenu plus progressif afin de répondre aux demandes de justice sociale de nos concitoyens. Mais le Gouvernement s’entête avec sa politique économique à destination des plus aisés, ignorant l’accroissement des inégalités dans notre pays et ses conséquences sociales. Sans surprise, nous avons donc voté contre ce budget.
Bien sûr, sur un texte comme le PLF, tout le monde pourra trouver quelques points qui ne posent pas difficulté, et nous avons ainsi approuvé les crédits de 11 missions.
Toutefois, sur plus deux tiers des missions, le groupe socialiste s’est opposé au Gouvernement et à la droite sénatoriale. Quelques missions budgétaires sont très révélatrices à cet égard :
- Le budget de l’Enseignement supérieur et de la Recherche quasiment stable, n’est pas en mesure de répondre à la précarité à laquelle sont confrontés beaucoup d’étudiants.
- Si les crédits de la Mission écologie sont d’apparence stables, ils ne sauraient cacher une diminution lourde des moyens. En effet, on note une baisse de 2.491 emplois pour 2020, et près de 5 000 suppressions de postes à l’horizon 2022, alors que les défis de la transition écologique nécessitent des moyens humains importants.
- Sur la mission Cohésion des territoires, le logement est, une nouvelle fois, une simple variable d’ajustement. En effet, les coupes ont été particulièrement violentes dans le secteur HLM qui a perdu 1,3 milliard d’euros en 2018 puis en 2019 et 2020. En raison de cette politique, l’investissement dans les logements sociaux est trop souvent freiné.
- Rapporteur pour avis de la mission Agriculture, Forêt et Aménagement rural, j’ai dénoncé l’indigence des crédits alloués et appelé à un vote contre.
Le Gouvernement trompe les Français. La « revalorisation » des prestations sociales annoncée (notamment les APL et l’allocation adultes handicapés) était une farce, avec une « hausse » de 0,3 % quand l’inflation pour 2020 sera de 1,3 %. En 2020, comme en 2018 et en 2019, les Français les plus fragiles vont mécaniquement perdre du pouvoir d’achat. Avec mon groupe, nous avons tout de même réussi à faire adopter un amendement s’opposant à cette mesure et rétablissant une juste indexation sur l’inflation.
La semaine dernière et encore aujourd’hui, un mouvement de grève sans précédent a eu lieu. Les Français se sont massivement mobilisés contre la réforme des retraites mais aussi en filigrane contre les orientations libérales de la politique menée. Ce budget est la traduction de la politique injuste menée par le gouvernement, avec le soutien de la droite sénatoriale.
Le « en même temps » du gouvernement, c’est dénoncer d’une main les supposés « privilèges » des Français, avec la désindexation des prestations sociales, la réforme du Code du travail, la réforme de l’assurance chômage ou encore la réforme des retraites… et caresser dans le sens du poil, de l’autre main, les plus aisés de nos concitoyens.
