Pour une réouverture des écoles sécurisée et concertée

Depuis les annonces du Président de la République le 13 avril dernier, un grand flou entoure la question de la réouverture des écoles à partir du 11 mai. Le conseil scientifique a, lui-même, contesté cette « décision politique » en indiquant qu’une réouverture en septembre prochain était préférable. Ces incertitudes et contradictions successives dans les prises de positions précipitées du gouvernement sont très anxiogènes, pour les enseignants et les personnels du monde éducatif, pour les élèves et les familles, et pour les élus chargés de la mise en œuvre de la rentrée.

Il est urgent de mettre la concertation au cœur de la construction de cette rentrée atypique et de prendre le temps de construire des réponses adaptées à la situation.

Il est incompréhensible que les collectivités n’aient pas été associées dès le début au travail de réflexion, alors même que ce sont elles qui auront la responsabilité de mettre en œuvre la réouverture des établissements scolaires sur le terrain.

A ce sujet, nous avions interrogé avec Régis Juanico et Pierrick Courbon, le directeur académique des services de l’Éducation nationale, au sujet de l’impact de cette réouverture sur les collectivités (désinfection des locaux, cantines, transports…) et des modalités de concertation qui seraient mises en œuvre avec les élus locaux. Dans un premier courrier, M. Batailler nous a répondu qu’il était en attente des décisions ministérielles mais qu’il s’était d’ores et déjà rapproché des collectivités concernées. Nous espérons qu’il pourra nous apporter des réponses concrètes d’ici la fin des vacances scolaires et le plus en amont possible du 11 mai.

Dès le vendredi 17 avril, la commission Culture, Education et Communication du Sénat a mis en place un groupe de travail sur le déconfinement des écoles auquel ont participé mes collègues du groupe socialiste et républicain Marie-pierre Monier et Jacques-Bernard Magner.

Certes, la situation est complexe et nous souhaitons faire preuve d’unité nationale sur un sujet aussi important que l’éducation de nos enfants pour laquelle les conditions de sécurité et d’égalité doivent demeurer optimales. Il est primordial que les parlementaires soient pleinement associés à la préparation de cette rentrée afin de pouvoir relayer les inquiétudes de tous les partenaires de l’Ecole et de contribuer à dégager les solutions adaptées à la crise sans précédent que nous traversons.

Je me réjouis ainsi que les propositions formulées par mon groupe aient trouvé un écho dans les recommandations concrètes de la commission, en vue notamment de :

– Mettre en place une méthodologie précise, basée sur des avis scientifiques, en concertation avec l’ensemble de la communauté éducative, pour garantir la sécurité de toutes et tous et mettre en place une charte nationale déclinable localement.

– Engager dès maintenant la concertation au niveau local et clarifier le rôle de chacun des acteurs ainsi que les sources de financement.

– Préparer la reprise des cours avec des formations et une prérentrée de plusieurs jours pour former les enseignants et le personnel des établissements et aménager les locaux.

– Préciser la méthode de suivi scolaire pour les élèves restants à la maison, et garantir qu’aucun enseignant ne devra assurer une double charge de travail.

– Fixer un cadre et un protocole sanitaire précis pour les activités périscolaires, ainsi que pour les internats, les transports et la restauration scolaire.

– Préparer dès maintenant la rentrée 2020 (état des lieux par territoire et par voie de formation, adaptation des programmes, soutien scolaire fin août…).

Seule la réunion de l’ensemble de ces conditions sera de nature à assurer une reprise de l’école dans le respect des droits des enseignants et personnels, de l’égalité de traitement de tous les élèves, de la bonne gestion des collectivités territoriales et ne mettra pas en danger la santé des différents partenaires de la communauté éducative.

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