Green deal : les intentions sont là …

On a beaucoup entendu parler la semaine dernière du « Green Deal » européen. Mais qu’en est-il exactement ?

Le green deal est un programme écologique qu’il faut, selon ses auteurs, percevoir comme une feuille de route des 50 actions à mener d’ici 2050 pour une assurer une transition écologique à l’Europe.

A travers ce deal, promulgué seulement 1 mois après son arrivée, Ursula Von der Leyen reconnaît l’urgence climatique et environnementale. De par la diversité des thèmes qu’elle aborde (énergie, industrie, construction/rénovation, transport, biodiversité, alimentation, pollution), ainsi que l’affirmation des dangers de l’inaction, cette approche horizontale est salutaire et louable.

Cependant de nombreuses limites persistent. Tout d’abord le manque d’ambition concernant l’application de ce pacte. Les moyens prévus, à savoir, entre 180 et 300 milliards d’euros par an, restent bien inférieurs aux besoins, situés entre 400 et 1 100 milliards d’euros par an. Des sources de financement, publics et privés, sont pourtant mobilisables à condition d’être créatifs dans les instruments financiers. De nombreuses options existent : une taxation du kérosène, un impôt européen sur les bénéfices ou encore la fin des subventions et des investissements dans les énergies fossiles.

En outre, au-delà d’un flou assez général, ce green deal manque d’un ancrage social. Alors que nous comptons 50 à 100 millions de précaires énergétiques sur le continent et que les inégalités sociales et fiscales, le chômage structurel et de masse nous incitent à poursuivre l’objectif de justice sociale dans le cadre de la transition.

D’autre part, certaines solutions proposées ne sont que partielles voire ne prennent pas le problème à sa racine. Par exemple la volonté de n’avoir plus que des produits recyclables d’ici 2030 est louable mais rien n’est dit sur la façon dont ces emballages seront recyclés alors qu’il est maintenant de notoriété publique que le recyclage du plastique n’est pas optimal (la Chine et la Malaisie étant les premières victimes des défaillances du système français).

Par ailleurs, la solution pour tous les thèmes semble être le passage au numérique, alors même que l’accès à ce dernier reste très inégal en Europe (14% des français n’ont pas accès à internet, ce taux allant jusqu’à 37% en Bulgarie).

Enfin, pris dans sa globalité le « green deal » est pensé comme une nouvelle stratégie de croissance, plus verte, quand de nombreux scientifiques appellent à la décroissance…

En quoi consiste donc concrètement ce projet ?

Concernant l’énergie, le but est de donner la priorité à l’efficacité énergétique et de développer un secteur fondé en grande partie sur des ressources renouvelables. Pour ce faire, le « green deal » préconise d’accroître l’efficacité énergétique et l’écoconception des produits, ou encore d’exploiter pleinement le potentiel de l’énergie éolienne en mer en Europe. L’objectif final étant de supprimer les émission de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050.

Concernant l’industrie, l’un des objectifs principaux est d’encourager le développement de nouveaux marchés avec des produits circulaires et neutres pour le climat. En outre, le dossier rappelle que la décarbonation et la modernisation des industries à forte intensité énergétique (acier, ciment) sont indispensables pour assurer un avenir vert à l’Europe. Une des mesures concrètes proposée par la commission est de garantir 100% d’emballages réutilisables ou recyclables d’ici à 2030 au sein de l’UE.

Concernant la construction et la rénovation, l’objectif et de doubler le nombre de rénovation de bâtiments d’ici 2050 (notamment les logements sociaux, écoles et hôpitaux). Les bâtiments représentent en effet 40% de la consommation d’énergie. La Commission rajoute que « les prix des différentes sources d’énergie devraient encourager le recours aux bâtiments économes en énergie ». Devons-nous entendre par là une augmentation des prix visant à réduire la consommation d’énergie (qui ne ferait qu’accentuer les inégalités d’accès au chauffage notamment) ?

Concernant les transports, l’objectif est de réduire de 90% les émissions de GES de ce secteur d’ici 2050, grâce à une diversification des moyens de transports, une réduction des émissions de GES avec l’instauration de normes de pollution plus strictes, et la suppression des subventions pour les combustibles fossiles.

Concernant la biodiversité, l’objectif affiché est sa préservation (avec une accent mis sur les forêts). Néanmoins, les moyens pour y parvenir sont très flous. La mesure la plus concrète visant à améliorer la surface des forêts européennes, à la fois en qualité et en quantité, afin de parvenir à la neutralité climatique et de maintenir un environnement sain.

Concernant l’alimentation, la commission entend réduire de manière significative la dépendance à l’égard des pesticides chimiques, des engrais et des antibiotiques et à diminuer les risques liés à ces produits. Concrètement cela se traduirait par le développement de techniques de pêche et de production agricole innovantes, qui permettent de protéger les récoltes contre les parasites et les maladies. En outre, 40% du budget de la politique agricole commune et 30% du Fonds pour les affaires maritimes et la pêche devraient être consacrés aux objectifs en matière de climat.

Concernant la pollution, la commission entend améliorer les règles en matière d’évaluation des substances placées sur le marché et vise à combiner une meilleure protection de la santé et une compétitivité mondiale accrue.  

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