Pour une révolution de la Politique Agricole Commune
Je suis intervenu lors de la discussion générale pour apporter le soutien du groupe socialiste et républicain à la Proposition de Résolution Européenne (PPRE) du Sénat à l’attention du gouvernement concernant la réforme de la Politique Agricole Commune.
Vous pouvez retrouvez le texte de cette PPRE : http://www.senat.fr/rap/l18-378/l18-3781.html#toc1
Et le texte de mon intervention :
« Le rapport de l’ONU sur la biodiversité rendu public hier donne à nos travaux de cet après-midi un éclairage tout à fait particulier. Un million d’espèces animales végétales sont menacées d’extinction, soit une espèce sur 8 ! C’est le résultat direct de l’activité humaine.
Notre écosystème planétaire – condition non négociable de la survie de l’Humanité – est à terme menacé si nous n’engageons pas un « changement profond » de nos modèles de production et de consommation.
Nos modèles de production agricoles ne sont pas étrangers à ce dangereux déclin de la Nature. Un seul exemple : les engrais qui se déversent sur les côtes ont produit plus de 400 « zones mortes » dans les océans, ce qui correspond à une superficie grande comme le Royaume-Uni.
Dans un tel contexte, les grandes orientations de la future PAC apparaissent – pardonnez-moi l’expression – complètement « à côté de la plaque ».
Nous ne pouvons pas nous satisfaire, pour cette grande politique intégrée de l’Union européenne, du simple replâtrage administratif qui nous est proposé. De ce point de vue, je ferai miens les mots de notre collègue eurodéputé Eric Andrieu : « la PAC a besoin d’une révolution et non d’un statu quo jusqu’en 2025 ! ».
Cette révolution doit permettre de répondre aux grands enjeux qui sont face à nous, outre la protection de l’environnement : le changement climatique, la santé humaine, la crise agricole actuelle. Les réponses à ces défis ne peuvent plus s’inscrire dans la continuité de celles apportées depuis 1992 et continuer à favoriser une agriculture productiviste au service de l’agro-industrie.
Nous payons tous collectivement les externalités négatives de ce système agro-industriel : pour la dépollution de l’air, de l’eau, ou encore en termes de facture pour notre santé. Si le coût de la PAC représente 0,5% du PIB européen, le coût des dépenses de santé se monte à 10% ! Le lien entre alimentation et santé n’est plus à démontrer : pesticides, perturbateurs endocriniens, montée de l’obésité…
Cette révolution pourrait ainsi se matérialiser à travers le nom même de la PAC, en y ajoutant un second « A », pour « alimentation ». Elle devrait se concrétiser à travers des aides publiques permettant une montée en gamme des productions agricoles et une transformation des modèles agricoles pour redonner un revenu décent aux paysans et produire une alimentation plus saine, avec un meilleur bilan carbone, dans un plus grand respect de l’environnement et du bien-être animal.
Mais tout cela ne peut être fait sans une véritable ambition de l’Union européenne. A cet égard, la baisse du budget de la PAC, qui va bien au-delà des effets mécaniques du Brexit, est plus qu’alarmante.
Au Commissaire à l’agriculture, Phil Hogan, qui demandait « Comment allez-vous justifier que nous avons besoin de davantage de fonds pour la PAC ? », je répondrai simplement : parce que si seulement 2% des Européens sont des agriculteurs, 100% des Européens ont besoin de l’agriculture pour vivre !
La proposition de résolution que nous examinons aujourd’hui, qui rappelle les préconisations de nos deux précédentes résolutions, balaye bien ces différents enjeux et les réponses à y apporter.
C’est pourquoi notre groupe lui apporte son plein soutien.
Monsieur le Ministre, le Gouvernement entendra-t-il ce nouvel appel du Sénat à une autre ambition pour la Politique Agricole Commune et renouera-t-il avec le volontarisme que la France avait mis à la soutenir dans les années précédentes ? »
