Inauguration du jardin du souvenir à Vêtre-Sur-Anzon
Le dimanche 20 novembre, je me suis rendu à Vêtre-sur-Anzon à l’invitation du maire de la commune Bertrand Daval pour l’inauguration du jardin du souvenir.
A cette occasion, deux plaques ont été dévoilées, la première commémorant la déportation de plusieurs enfants Juifs arrêtés en France et la seconde apposée en mémoire des résistants qui ont saboté une voie de chemin de fer.
Ce jardin et ces plaques commémoratives sont issus d’un long travail de la municipalité de Vêtre-sur-Anzon que le maire Bertrand Daval a rappelé dans son discours, initié par ses deux prédécesseurs. Pour ma part, je suis intervenu pour rappeler l’importance du travail de mémoire, dans mon discours que vous trouverez-ci-dessous :
« Monsieur le Maire,
Je tenais très sincèrement à vous remercier pour votre invitation à participer à ce moment très fort que constitue l’inauguration de ce « Jardin du Souvenir ».
Il nous permet aujourd’hui, à nous tous qui sommes rassemblés, de nous remémorer qu’il y a 80 ans se produisait l’indicible : la déportation, entre juillet 1942 et août 1944, de plus de 11 450 enfants Juifs, arrêtés en France. Cette page de notre Histoire est douloureuse à plus d’un titre.
D’abord, bien sûr, parce que rien ne peut justifier les tourments et l’angoisse qui a été infligée à ces enfants, parfois des nourrissons, jusqu’à ce terrible voyage dont ils ne reviendront pas.
Parce que notre esprit ne peut se résoudre à concevoir, ne serait-ce que l’espace d’une seconde, l’horreur qu’ils ont traversée : depuis la terreur des rafles, l’arrachement à leur famille, les conditions atroces dans lesquelles ils ont vécu dans des camps comme Drancy, avant d’être entassés dans des wagons à bestiaux plombés… pour l’ultime trajet vers les camps de la mort.
Mais aussi, en raison du rôle qu’a joué l’Etat français lui-même dans cette tragédie : le Gouvernement de Pétain ayant lui-même proposé la déportation des enfants juifs que les Nazis n’avaient pas prévue, et assuré l’organisation des rafles et de l’acheminement vers l’Est, que les Allemands n’auraient pu assurer à eux seuls.
Non, Vichy n’a pas protégé les Juifs, nous ne devons pas l’oublier. Si douloureuse soit-elle, cette page ne doit pas être occultée de nos mémoires. C’est pourquoi, cette réalisation de la municipalité de Vêtre-sur-Anzon doit être saluée à sa juste et pleine valeur. Ces plaques contribuent à faire revivre la mémoire de ces jeunes et innocentes victimes. Leur rendre hommage, c’est leur rendre une existence et une dignité d’être humain que leurs bourreaux avaient voulu effacer.
C’est donc un travail essentiel que vous avez entrepris, Monsieur Yvan BERTIN et Monsieur Elie BRUNELIN, avec le concours des deux prédécesseurs de Bertrand DAVAL à la mairie. A travers vous, je veux saluer l’immense contribution des historiens locaux au devoir de mémoire. Souvent historiens « amateurs » – ou plutôt devrais-je dire « passionnés » – ce sont vos recherches qui permettent de restituer une identité à ces victimes, au-delà d’un nom sur une liste trop longue.
Ce travail trouve ici une concrétisation dans ce lieu au si beau nom, ce « Jardin du Souvenir », qui permettra, je l’espère, de voir ranimer la flamme du souvenir au cœur de chaque personne qui y arrêtera ses pas. Il me semble que c’est aujourd’hui plus que nécessaire que jamais, « Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter ».
Cette formule due à l’écrivain George Santayana, maintes fois reprises depuis, prend de plus en plus de sens de nos jours, alors que certains se sentent à nouveau autorisés à manipuler l’Histoire à des fins bassement idéologiques.
Mille mercis donc à toutes celles et ceux qui ont permis à cette réalisation indispensable de voir le jour.
Et encore merci, Monsieur le Maire, de m’avoir associé à cette belle commémoration ».
