Centenaire du monument aux Morts à Saint-Martin-d’Estreaux

Ce dimanche 11 décembre, je me suis rendu à Saint-Martin-d’Estreaux à l’invitation de la maire de la commune, Christine Aranéo, pour la célébration du centenaire du monument aux Morts.

C’est devant les inscriptions pacifistes gravées au dos du monument aux morts que je suis intervenu pour rappeler l’histoire de ce monument et la fragilité de la Paix, dans mon discours que vous trouverez-ci-dessous :

Madame la Maire,

Mesdames et Messieurs les élus,

Chers amis, chers camarades,

C’est un grand honneur pour moi d’être là aujourd’hui, à vos côtés, pour célébrer le centenaire de ce monument pacifiste. Je tiens à vous en remercier particulièrement, Madame la Maire.

Cette commémoration nous invite à nous retourner sur la longue histoire de ce monument. Une histoire qui n’a pas été un long fleuve tranquille et qui nous invite à toujours rester vigilant.

Sa création même n’était pas une évidence. Au lendemain de la boucherie insensée qu’a été la Première Guerre mondiale, on aurait pu penser que la Paix et ses vertus seraient à l’honneur.

Cela a été tout le contraire, on a préféré graver dans la pierre la grandeur de la bravoure et du sacrifice – présenté comme largement consenti – de tous ces jeunes gens morts en vain.

Comme en atteste le nombre réduit de monuments pacifistes dans notre pays, au regard des milliers de monuments dits « triomphalistes » pour reprendre la classification de Pierre Roy, le rejet de la Guerre n’était pas encore à l’ordre du jour.

L’inauguration n’a d’ailleurs pas pu être réalisée immédiatement au regard du contexte. Aucune note discordante ne pouvait être tolérée dans le beau récit national qui était en train de s’écrire, tout empreint d’héroïsme et de patriotisme. Rejeter la Guerre, cela aurait été insulter la mémoire de ceux qui étaient morts en la faisant.

Et pourtant l’inscription que je vois écrite en bas de cette stèle est très claire : ce sont les auteurs de la Guerre, pas ses victimes, qui sont mis en cause.

Il faudra donc attendre 22 ans pour que l’inauguration puisse être réalisée, en 1947, après cet autre grand carnage mondial qu’a été la Seconde Guerre.

Entre-temps, le monument aura subi les outrages des ennemis de la Paix. Dans la période troublée que furent les années 30, marquées par la montée des nationalismes, ces inscriptions furent ainsi dégradées par des militants d’extrême-droite.

A la même époque, outre-Rhin, le régime nazi faisait effacer des quelques rares monuments pacifistes l’inscription « Nie wieder Krieg » (ou « Plus jamais la guerre »). Il jetait aussi aux flammes les ouvrages qui montraient la guerre sous son vrai jour, comme le livre d’Erich Maria Remarque : « A l’ouest, rien de nouveau ».

A l’instar de Jean Jaurès en 1914, les premières victimes de la Guerre sont en effet les pacifistes et leurs idées.

Du haut de ses cent ans, ce monument aura malheureusement pu constater, que la « Der des Der » était loin de l’être. Les guerres n’ont pas cessé de se succéder tout au long du siècle écoulé. Toujours au bénéfice des mêmes. Toujours au détriment des mêmes.

Aujourd’hui encore, aux portes de notre continent, l’Ukraine subit une guerre d’agression. La communauté internationale s’avère une nouvelle fois impuissante à la juguler.

C’est une constante historique : la Paix est infiniment plus dure à construire et à préserver que la Guerre.

Et pourtant, si cette dernière, à travers son ministère des armées, bénéficie de moyens colossaux, où sont les milliards pour la Paix ?

Ce monument centenaire continue à se dresser aujourd’hui comme un indispensable phare dans l’obscurantisme, pour nous rappeler cette évidence universelle : « Si vis pacem, para pacem », « Si tu veux la paix, prépare la paix » !

Longue vie à ce monument pacifiste et longue vie à la Paix !

Je vous remercie.

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